Comme un poisson
Auto-portraits d’émotions en lien avec des textes que j’ai écris. Les trois premiers se suivent et forme un tryptique, sorte de road trip du désert jusqu’aux eaux profondes. Les deux autres changent de format et médium mais leur répondent.
Les cinq racontent chacun un bout de ma vérité autour de l’allégorie de l’eau, qui est un élément central dans ma vie ; je m’y suis toujours sentie comme un poisson.
Elle exerce sa force sur moi. Source de vie mais aussi de mort, je lui tourne autour entre fascination et peur, tentant de l’appréhender et de l’apprivoiser.
« Regarde, j’ai des roses pleins la gorge qui plantent leur épines et causent mes indicibles plaies.
De mes billes d’enfant obsédées de vérité, je cherchais à accorder la dissonance ; entre la beauté du vivant que je pressentais, et sa laideur aride dans ces yeux humides.
Ecoute, j’ai des roses pleins la gorge, qui hurlent leur maux inaudibles.
M’efforçant de comprendre la réalité, j’étouffais ma vérité.
Dans ce désert, j’attends que l’eau nettoie les dégâts prisonniers de ma cage fleurie, et emporte les plaies que mes roses ont creusé. »
« Je me suis installée sur le sable fixant l’horizon comme si ma vie en dépendait. Je l’attendais sur la plage dans un lever de soleil enflammé, mais le vent dans mes cheveux m’a fait tourné la tête et j’ai vu cette digue dévastée.
Elle semblait me parler, me chuchoter, me murmurer. Je me suis rapprochée pour l’écouter, happée par son souffle glacé. « Réfléchis » dit-elle et je me suis trouvée dans les brèches de ses rochers.
A trop vouloir chercher la beauté je me suis écorchée car j’ai trouvé son secret et je l’ai gardé. Les autres l’entendent dans le chant des oiseaux ; je la vois dans les fleurs fanées qui cherchent l’eau, dans le bruit de ces feuilles libérées d’un arbre sourd et enchaîné, qui supplient le vent de les renvoyer d’où elles sont nées.
Je me suis endormie sur la digue, fixant l’horizon dont ma vie dépendait. Je l’ai trouvé sur cette plage dans un couché de soleil gelé, Mais le vent dans mes cheveux m’a susurré un autre secret, celui des êtres brisés. »
« Tu touchais presque le soleil mais la chaleur était trop forte. Les mirages ont dessinés des formes que tu espérais mortes.
Pour toucher la douceur des eaux tièdes, tu as plongé, esquissant de tes mains l’aventure d’un chemin glacé, qui écarte tout sur son passage, les appâts, les alliés ; qui propage les ondes dans le sillage de ton ombre et ébranlent ceux qui te suivent dans la pénombre.
Je t’ai suivi un moment mais la lumière me manquait tant ; je remonte à la surface lentement.
Plus tu descendais, plus la fraîcheur miroitait la clarté. Les eaux profondes installées sous ta peau fripée, t’enveloppent de sa bulle, calme, silencieuse, immobile… Tu es loin à présent. Détachée, isolée, engloutie. »